En ce mois de Juin Vert, dédié à la sensibilisation au cancer du col de l’utérus, l’IUC AP-HP Sorbonne Université revient sur la prise en charge des cancers du col de l’utérus dans ses centres experts. Ce cancer, majoritairement lié à une infection par les papillomavirus humains (HPV), reste une préoccupation de santé publique en France malgré des avancées majeures. La vaccination contre le HPV et un dépistage régulier sont les clés pour le prévenir et le traiter efficacement. Découvrez comment les équipes des hôpitaux Tenon et Pitié-Salpêtrière conjuguent leurs expertises.
Cancer du col de l’utérus : des enjeux importants de prévention et de dépistage
Le cancer du col de l’utérus est principalement causé par les papillomavirus humains (HPV), des virus très communs transmis sexuellement. Plus de 80% de la population y est exposée au cours de sa vie. La vaccination anti-HPV représente la meilleure prévention :en France, la couverture vaccinale s’améliore, notamment grâce aux campagnes en milieu scolaire. La vaccination est recommandée pour filles et garçons (12-14 ans, avec rattrapage possible). Même vacciné, un faible risque de persistance du HPV peut exister, nécessitant un dépistage par frottis cervical régulier (dès 25 ans) pour suivre et prendre en charge d’éventuelles lésions. Les hôpitaux de la Pitié-Salpêtrière et Tenon, au sein de l’AP-HP, sont des centres de référence dans la prise en charge des cancers du col de l’utérus, alliant expertise clinique, innovation et enseignement.
Hôpital Tenon : une approche holistique et une expertise chirurgicale de pointe
À l’hôpital Tenon, la prise en charge des patientes atteintes d’un cancer du col de l’utérus est marquée par un accompagnement personnalisé et une approche globale. Une infirmière dédiée à la cancérologie assure les annonces de diagnostic et le soutien des patientes, notamment en amont des traitements chirurgicaux majeurs.
D’un point de vue thérapeutique, les équipes de radiothérapeutes et oncologues prennent en charge les cancers relevant de la radio-chimiothérapie, et les chirurgies sont réalisées sur site. Les patientes opérées par laparotomie bénéficient d’une prise en charge anesthésie spécifique, le TAP Bloc, qui permet de réduire la douleur post-opératoire et donc la prise d’antalgique en post-opératoire.
L’expertise de l’équipe de gynécologie de Tenon, particulièrement reconnue pour l’endométriose, assure une surveillance post-opératoire rigoureuse, notamment pour la reprise des mictions, un enjeu fréquent après une hystérectomie élargie.
Enfin, pour les cas les plus difficiles comme les chirurgies de clôture après radiochimiothérapie (maladie résiduelle), l’hôpital Tenon réalise des chirurgies complexes en terrain irradié, notamment grâce à l’utilisation du robot chirurgical, assurant une prise en charge optimale.
Hôpital de la Pitié-Salpêtrière : l’innovation chirurgicale et la formation
La Pitié-Salpêtrière déploie également une expertise de pointe et des dispositifs équivalents à ceux de l’hôpital Tenon dans la prise en charge globale du cancer du col de l’utérus, tels que l’utilisation de la chirurgie robotique pour les cas complexes et étendus ou encore la présence de l’infirmière d’annonce pour accompagner les patientes.
Parmi les spécificités de la prise en charge à l’hôpital Pitié-Salpêtrière, une innovation majeure a été développée au sein du service de chirurgie gynécologique : la chirurgie hors bloc opératoire sous anesthésie locale en consultation pour les conisations de lésions précancéreuses. Cette méthode, soutenue par un financement de l’ARS, améliore la conservation du col et limite les complications, notamment pour les grossesses futures.
En tant que Centre d’expertise en colposcopie, les professionnels du service de chirurgie gynécologique gèrent de nombreuses patientes avec des lésions HPV induites récidivantes, souvent adressées lors de staffs régionaux dédiés.
En matière d’enseignement, des cours sur les pathologies HPV induites sont dispensés via des DIU et formations continues. Le service encadre également un Master 2 sur l’intelligence artificielle et la colposcopie, avec un groupe de travail visant à créer un logiciel d’analyse du col pour optimiser le dépistage et les décisions thérapeutiques.
Côté recherche, les professionnels contribuent à l’élaboration de recommandations nationales pour la prise en charge et le dépistage des cancers du col, notamment pour les patientes immunodéprimées.
Cet article a été rédigé avec la participation du Pr Geoffroy Canlorbe, Gynécologue obstétricien à l’hôpital Pitié-Salpêtrière – IUC AP-HP SU et du Dr Yohann Dabi, Gynécologue obstétricien à l’hôpital Tenon – IUC AP-HP SU